| Le 25 novembre 2009
Lorsqu'on parle de danse, on pense parfois
aux films d'Hollywood
en noir et blanc mettant en vedette Fred Astaire et Ginger Rogers. Comme j'adore cette époque et ce genre de films, je m'en suis d'ailleurs inspiré dans une nouvelle composant mon second recueil "Nouvelles histoires de danseurs" .
On revoit Ginger et Fred, dansant à l'unisson, au son des cliquetis de claquettes
qu'ils produisent sur le sol en rythme avec la musique jazz de la bande-son.
En réalité, même si c'est ce couple que l'histoire retient,
Ginger Rogers n'a pas été l'unique partenaire de Fred Astaire et,
par ailleurs, tout n'a pas toujours été si facile que cela pour
ce génie de la danse. J'ai choisi aujourd'hui de vous brosser
rapidement son histoire et ses partenariats féminins dans la danse
tout au long de sa carrière.
Fred Astaire est né le 10 mai 1899 dans le Nebraska, aux États-Unis,
sous un autre nom : Frederick Austerlitz dont le patronyme
est hérité de son père autrichien. À l'occasion
d'une perte d'emploi, ses parents ont déménagé à New York en
imaginant l'impact positif que cela aurait sur la carrière de
leurs enfants, Frederick et Adele. "Astaire" est le nom d'artiste
que les jeunes gens prirent en 1905 alors qu'ils développaient
un numéro commun de vaudeville. On dit qu'ils en eurent l'idée
d'après l'un de peurs oncles qu'on appelait "l'astaire". Ce numéro
connut un bon succès initia une série de tournées dans le circuit
Orpheum qui les mena
à Broadway en 1917. Leurs prestations mêlaient déjà claquettes,
valse et tango aux mouvements plus classiques.
Après s'être produits ensemble durant des années
aux &Etats;tats-Unis et en Angleterre,
Fred et Adele se séparent en 1932 lorsqu'Adele épouse Lord Charles
Cavendish.
Fred poursuivit alors sa carrière en solo tout en
se rapprochant
d'une nouvelle partenaire, Claire Luce et ensuite de Dorothy Stone.
1933 est l'année où Fred Astaire passe, pour la RKO,
une audition restée célébrée pour son compte-rendu succint :
"[Fred Astaire] ne sait pas jouer, légèrement dégarni, sait
aussi danser." Sans plus et assez peu encourageant, mais
il paraît que ses grandes oreilles
et la ligne de son menton lui conféraient un charme tel qu'il
fut embauché. S'en suivit une série de tournages pour la MGM
("Dancing Lady" avec Joan Crawford et Clark Gable) et
la RKO ("Flying Down to Rio", traduit par "Carioca" lors de sa
sortie en France, pour la première fois avec Ginger
Rogers). Son duo avec Ginger Rogers fut plébiscité et il fut
décidé de donner suite à leur collaboration artistique à l'écran
bien que Fred y fut très réticent au départ en référence à sa
séparation d'avec sa soeur. Le nouveau couple de danse tourna
ensuite dix films ensemble entre 1934 et 1938. Le succès de ces
derniers permit à Fred une totale autonomie dans sa manière innovante
de présenter la danse dans ses tournages.
On crédite Fred Astaire de deux innovations
majeures : en premier,
le fait de tourner une scène de danse en une seule fois sans
s'arrêter (comme dans un spectacle en direct) et avec une seule
caméra filmant en légère contre-plongée, en second, ses scènes
de chant et danse faisaient partie
intégrante de l'action du film qui progressait dans le même temps.
Fred Astaire est considéré comme un artiste-danseur icône
de l'âge d'or de la comédie musicale (de 1932 à 1957).
Le style de l'exécution chorégraphique de Fred Astaire est reconnu
pour son originalité, son élégance et sa précision. Il a composé
son propre style à partir de diverses influences, dont les claquettes,
le swing, la danse classique et le style de danse en couple introduit
par Vernon et Irene Castle. Tout cela mélangé, c'est donc bien le
style Fred Astaire. Il est à noter que, même si sa manière de
danser sur de la musique swing diffère sensiblement du lindy hop et
se rapproche plutôt du foxtrot, Fred était admiratif des danseurs
de lindy et inversement. C'est tout du moins ce que Frankie Manning
raconte dans son autobiographie.
Après ses films avec Ginger Rogers, Fred fut
associé à d'autres
danseuses de premier plan comme Eleanor Powell ou Rita Hayworth.
Mais le succès ne fut pas au rendez-vous. L'échec
de "Yolanda et le voleur" de Vincente en 1945, décourage tellement
Fred Astaire qu'il songe à prendre sa retraite et se consacre aux
courses et à son écurie. Mais voilà qu'un jour Gene Kelly, son éternel
rival, se casse la cheville et qu'Arthur Freed appelle Fred Astaire
pour le remplacer avec Judy Garland dans "Parade de Printemps" qui
fut un succès au box-office. Et le voilà reparti pour une seconde
carrière et un contrat de 10 ans avec la MGM. Puisque Judy Garland
est dans un état de faiblesse important, Fred est de nouveau
associé à Ginger Rogers dans "Entrons dans la danse". Un peu plus
tard, en 1950, il reçoit son premier Oscar pour "avoir élevé les
standards de la comédie musicale". La même année, il tourne
"Un mariage royal" avec Jane Powell qui joue un rôle ressemblant
étrangement à la vraie vie d'Adèle, la soeur de Fred, par certains
aspects. Et voici "The Band Wagon" ("Tous en scène"
en français)
en 1953 où Fred partage la vedette avec Cyd Charisse. Nous avons
tous en mémoire la fameuse scène très "hot" du Den Bones Café
entre Fred en costume clair et Cyd dans une robe rouge vif. Le succès
fut au rendez-vous. Par la suite, Fred Astaire tourna avec
Leslie Caron dans "Daddy Long Legs", "Papa longues jambes",
(l'année où son épouse décède,d'où les yeux un peu bouffis de Fred dans certaines scènes),
Audrey Hepburn dans "Funny Face", "Drôle de frimousse", puis
de nouveau avec Cyd Charisse dans "La belle de Moscou" en 1957.
Ce film comporte la particularité d'avoir pour dernier morceau dansé
un rock'n'roll (composé par Cole Porter) sur lequel Fred danse
en chapeau claque et avec sa classe habituelle. Cela symbolise un
peu la fin d'un genre et d'une époque.
Les autres apparitions filmées de Fred Astaires sont moins
connues de nos jours. Il est en particulier fréquemment passé
à la télévision à partir de 1954. On notera quand même des films
comme "Mon séducteur de père en 1961", "Baltimore Kid" (un western...)
en 1970, "La tour infernale" en 1974. Fred Astaire a alors 74 ans
et ne danse plus à l'écran. Il fera ses adieux définitifs au cinéma
en 1981 et mourut le 12 juin 1987.
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