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Le blog UltraDanse.com regroupe les billets écrits par
Christian Rolland, danseur, enseignant, auteur et éditeur de livres
portant sur la danse. N'hésitez pas à ajouter un commentaire
sur cet article.
Cette fois, je vais vous parler d'un musicien qui me permet
de faire la transition entre le thème swing du dernier livre
que j'ai édité et le thème du projet sur lequel je travaille actuellement :
la technique de la valse (aussi bien celle de
la valse viennoise que celle de la valse musette).
Si le mot "musette" est automatiquement
associé aux guinguettes (dont je vous parlerai dans un autre article)
et à l'accordéon, ceux qui ont parcouru la page consacrée à la valse musette du site UltraDanse.com auront
sûrement appris les origines de ce mot. Je n'y reviendrai donc pas.
Cependant, la musette (l'accordéon) a été utilisée pour jouer
d'autres styles de musique que la valse ou la java. Le musicien
Gus Viseur en fut le plus parfait artisan.
Gustave "Gus" Viseur est né en mai 1915 à Lessines, en Belgique.
Son père, Adolphe, jouait de l'accordéon en amateur (il était mouleur
de pierre de profession) et cela a sûrement incité le jeune
Gustave (surnommé aussi "Tatave")
à apprendre à jouer de cet instrument. Après avoir pris
des cours (en particulier à Suresnes), il joue dans le petit
orchestre familial, le Jojo Jazz. Il passe ses premières
années de musicien à parcourir la région parisienne qui fourmille de
bals musette, de dancings, de foires, etc.. Il lui arrive d'accompagner
des chanteurs et chanteuses (dont Édith Piaf en 1940) et
de jouer du bandonéon dans des orchestres de tango argentin.
Bref, Gus Viseur s'intéresse à tout et fait son expérience.
À l'âge de 18 ans, il découvre le jazz et l'improvisation.
Il va alors se laisser séduire par cette manière de faire
de la musique.
Il délaisse petit à petit le style musette au profit du jazz
et devient l'un des pionniers de l'accordéon-swing. Il connaîtra
les grands noms du jazz manouche comme Django Reinhardt, les frères Ferret
ou Gus Deloof. Il fera
un long séjour sur le continent américain avant de revenir à Paris.
Décédé en août 1974, il reste probablement le premier accordéoniste
à avoir été accueilli sans réserve dans le milieu des musiciens de jazz.
Par la suite, d'autres seront séduits par ce style, parmi
lesquels on trouve Jo Privat ou Tony Murena. Je vous laisse
vous faire une idée de ce que cela donne grâce à l'extrait ci-dessous
(seul le son compte, évidemment...) qui porte le nom de
"Johnny dis-moi tout".
Il y a un disque regroupant quelques enregistrements
de Gus Viseur dans le domaine du jazz musette que je peux
vous conseiller : "Gus Viseur à Bruxelles".
Je vous laisse découvrir d'autres de ses enregistrements
disponibles, sachant
que l'on peut trouver certains
titres indépendamment dans des compilations de musette.
Pour revenir, à ce que j'écrivais au début de cet article,
je vous conseille d'écouter attentivement le titre "Swing valse"
joué par Gus Viseur (le son du lien Youtube ci-dessous n'est pas
très bon, achetez plutôt le CD...). Peut-être parviendrez-vous à comprendre
ce que c'est qu'une valse qui swingue (un concept dont il est
l'inventeur).
Les amateurs de jazz et d'accordéon ne sont généralement pas
les mêmes. Il est vrai qu'il y a peu de big bands dans les
guinguettes. D'ailleurs, ne trouvait-on pas des panneaux
indiquant "Interdiction de danser le swing" à l'entrée de
certains établissements ? Il est vrai qu'un lindy hop ou
un be-bop prend plus de place qu'une petite danse collée serrée.
Cependant, la musique de Gus Viseur réconcilie deux
mondes qui ne pensent pas pouvoir cohabiter. Le secret
réside en réalité dans son instrument, modifié afin de
rendre mieux les sonorités du jazz. En effet, Gus Viseur
jouait "sur une lame", cela signifie qu'il avait limé une
lame de son accordéon afin d'utiliser deux fois le la à 440 Hz
là où les musiciens de musette l'utilisent trois fois à 436, 440
et 443 Hz. La sonorité de son instrument devenait donc compatible
avec des mélodies swing. Mais cela n'aurait probablement pas suffi
sans son excellent sens de l'improvisation, nécessaire à tout
jazzman.
Je souhaite un bon été à tous ceux qui vont fréquenter
les pistes de danse et les festivals, peu importe le style
de danse pratiqué : swing, musette... ou les deux !
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